Le brutal hiatus provoqué par l’épidémie de la Covid-19 aura de profondes conséquences pour les entreprises. Passé le bouleversement des premières semaines avec le passage urgent et massif au télétravail et les ajustements incertains du retour. C’est désormais l’impact économique qui se profile. Dirigeants et manager ont à naviguer une situation empreinte d’une énorme anxiété.
Comment retrouver une dynamique positive dans ces circonstances ? La réponse reprend les codes du leadership charismatique. Énoncer une mission collective ou une inspiration pour en faire un objectif et appeler à la concentration des forces.
Beaucoup de crises avant celles-ci ont fait émerger un leader apparemment naturel. Visionnaire et autoritaire qui parvient à mobiliser les esprits et les cœurs au service de la mission qu’il a choisie. Les études dans ce domaine révèlent qu’un autre type de leader peut se distinguer durant une période de crise.
Un leadership au service des collaborateurs
Un courant de recherche se développe dans les années 1990 sur une forme alternative et contre-intuitive. Les servant leaders se situent à l’opposé de la perspective charismatique.
C’est en faisant passer les collaborateurs en premier que ce leadership induit des performances supérieures. Tant au niveau de leurs équipes qu’à celui de l’entreprise dans son ensemble. Il apparaît que cette forme de leadership pourrait être efficace pour sortir des crises et construire la résilience des organisations.
Le servant leadership place le manager au service de ses équipes : les collaborateurs priment sur la mission. Les managers titulaires officiels de l’autorité l’utilisent pour favoriser l’initiative individuelle et collective. Ils ont une compréhension bienveillante de la dimension émotionnelle des relations au travail. Ils font preuve d’empathie avec les collaborateurs confrontés à des difficultés même dans leur vie personnelle.
Les servant leaders font aussi preuve de compétence et d’intelligence. Ils s’en servent pour aider leurs collaborateurs à résoudre les problèmes. Ils partagent enfin leur préoccupation pour l’environnement de l’entreprise en contribuant à donner du sens aux efforts demandés.
Une résilience face aux crises
Managers Bisounours demanderez-vous ? Absolument pas. Une étude publiée récemment par Robert Grennleaf, Robert Liden, Dirk Van dierendonck et Gordon Cheung montre que les servants leaders ne sont pas plus faibles que les autres. Ce n’est pas en distribuant les augmentations de salaires, bonus et avantages qu’ils obtiennent la motivation de leurs collaborateurs. Le servant leadership se traduit par une meilleure croissance des bénéfices à l’échelon du business unit (unité commerciale).
Dans le contexte de la crise économique qui se profile après la crise sanitaire. Cette étude apporte un argument supplémentaire en faveur du servant leadership. La primauté du modèle charismatique en période de turbulence est régulièrement réaffirmée et le plus souvent à partir d’exemples historiques. L’étude de Greenleaf s’est déroulée dans une entreprise de 55 magasins d’une même chaîne en région parisienne. Avec 485 collaborateurs qui traversait une sévère crise conjoncturelle.
Dans ces circonstances mieux les managers étaient appréciés par leur équipe sur l’échelle du servant leadership, meilleure était leur appréciation sur leur niveau individuel de bien-être au travail dans toutes ses dimensions et les relations dans chaque équipe. C’est la combinaison de l’épanouissement individuel et la qualité des relations interpersonnelles qui expliquait la croissance des ventes et des bénéfices.
Le servant leadership s’illustre par des décisions qui montrent que les managers partagent les peines de leurs équipes. La période actuelle est l’opportunité d’apporter un regard nouveau sur les qualités du manager. C’est probablement la clé d’un travail plus épanouissant et d’une résilience accrue pour les entreprises.
Pour réussir, les leaders doivent se doter de nouvelles compétences, de façons de penser et d’agir.
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